DMTCC Challenge round 4,
Court, Suisse, 25/03/2018.

Edité le 29/04/2018.
Réactualisé le 29/04/2018.
Texte: Lonestar.
Photos: Christophe et Lonestar.

Introduction.

C’est par la belle matinée du 25 Mars 2018 que le club du DMTCC organisait la quatrième manche de son désormais célèbre DMTCC Challenge. Ce petit article sans prétention a pour but de vous faire partager ma journée de course: sans prétention, car contrairement au prestigieux auteur des lignes que vous lisez habituellement sur OverRC, c’était ma première expérience au DMTCC. Sans prétention également car je me suis retrouvé bien vite fort dépourvu d’appareil photo quand les qualifs furent venues... Lisez la suite pour en savoir plus.

La route.

Le dimanche 25 avril 2018, c’était le jour maudit du passage à l’heure d’été. Vu que je n’avais jamais roulé au DMTCC, et que la plupart des compétiteurs que ce club accueille lors de ses journées de challenge sont plutôt bien affutés et bien locaux, j’avais prévu d’arriver à l’ouverture de la piste vers 8h pour emmagasiner le maximum de tours avant le début de la course. En comptant deux heures de trajet, ca veut dire debout 5:20am à l’horloge, donc un 4:20am « réel », merci l’heure d’été – la préparation de la voiture la veille au soir étant un rituel immuable, la nuit fut bien courte. Et c’est dont les yeux quelque peu plissés que je prends la route vers 6h, ce qui présente certains avantages. Tout d’abord, elle est déserte. Ensuite, le lever de soleil est sublime sur ces doux reliefs du Jura, tellement moins agressifs au réveil que les arêtes alpines. Je partage avec vous quelques clichés faits en roulant (je sais... c’est mal), de qualité moyenne et qui n’expriment que très mal le bonheur de savoir, seul sur la route et dès potron-minet, qu’on va aller jouer toute la journée à la petite voiture sur une nouvelle piste avec les copains. Apres deux petites heures de route, j’arrive à destination. Il est l’heure d’aller découvrir cette petite merveille de piste indoor.

La Piste.

Le DMTCC c’est aussi la « maison-piste » de Kevin Zwahlen, brillant pilote multi-catégories multiple fois Champion SITCC, bien connu en Suisse Romande pour son amour du hobby et ses performances en piste indoor, mais pas que. En 2017, Kevin a également remporte le titre de champion suisse 1/8e Tout-Terrain Brushless: sa voiture et son trophée trônent fièrement sur une étagère qui surplombent la courbe rapide de la piste. La piste est située dans un local chauffé et bien éclairé, en bout d’un bâtiment industriel. Celui-ci est la propriété d’un entrepreneur local, qui a bien réussi si on en juge les véhicules rares qui stationnent sur le parking arrière. Mais surtout, ce Monsieur fait de la course automobile échelle 1, ce qui l’a probablement rendu réceptif aux demandes du club qui était à la recherche d'un local. Merci à lui pour sa générosité.

Le tracé est extrêmement technique, c’est le même que celui de la manche 3, voir article sur ce même site. Le club exploite au maximum la surface disponible de 250 mètres carrés, avec une piste faite principalement de virages à 90 et 180 degrés. Elle ne laisse aucun répit aux pilotes, notamment car le sens de rotation horaire choisi ce jour-là est différent du sens pour lequel elle a été initialement dessinée. Le premier morceau de bravoure du tracé est la chicane sous le podium, qui succède à la partie lente du circuit. Alors que la voiture est encore déséquilibrée par le dernier virage lent à droite, il faut ouvrir en grand les gaz et passer la chicane sur la seule trajectoire rapide disponible, sinon c’est le grand paf dans le profilé en bois à l’extérieur – celui-ci n’est pas heureusement pas fixé durablement au sol. Cette stratégie offre aux ramasseurs l’occasion de faire un peu de sport, et de le remettre en place plusieurs fois par manche. A peine remis de ces émotions, il faut ensuite viser très, très juste pour passer un droit rapide à 90 degrés, alors que la voiture n’est toujours pas totalement stabilisée. Cette configuration de piste exigeante donnera tout un tas de figures libres au long de la journée à cet endroit – j’ai personnellement eu l’impression de ne jamais réussir à passer deux fois sur la même ligne. La réponse donnée par le leader de la course lorsque je lui demandai de l’aide fut laconique, de l’ordre de « c’est pas simple effectivement, fais au mieux (sous entendu « et serre les fesses ») ». Le reste du tracé est plus classique, bien que n’offrant zéro moment de repos. Lors de mon arrivée le matin, Christophe Glauser me confiera que pour espérer être à peu près compétitif, il faut rouler en 9 petites secondes au tour, les plus rapides accrochent les 8 secondes avec quelques efforts.

Technique Pneus

La piste est faite de moquette ETS black, qui offre un grip généreux et constant tout au long de la journée. L’auteur, qui applique à la lettre l’adage GPPPP (« Good Préparation Prevents Poor Performance ») s’est renseigné quelques jours avant la course auprès de son gourou de toujours le webmestre d’OverRC avant de venir rouler. Celui-ci lui a conseillé d’utiliser les Volante 28, à la place des Rex 30 également autorisés. Les performances sont marginalement meilleures, mais surtout, ils ne se décollent quasiment pas au cours de la journée. Sur un grip important comme celui de la moquette du DMTCC, c’est un avantage considérable, qui permet de se focaliser sur le pilotage plutôt que sur la maintenance entre les roulages. En contrepartie, les Volante présentent un diamètre plus élevé d’environ 1mm que les Rex,  ce qui oblige à effectuer quelques modifications sur la voiture pour conserver les mêmes centres de roulis avec la même garde-au-sol.

Le traitement utilisé lors du challenge est le CS High Grip, dont on rappelle que la composition a changé il y a quelques temps. Je peux d’ailleurs vous confirmer que ce changement a des conséquences sur les performances: j’ai utilisé le « vieux » traitement dont il me restait un bocal depuis la fermeture du Sultan RC Raceway, lors des entrainements, du reseeding et des premières qualifs du matin. La voiture, certes performante sur le meilleur tour, était parfois imprévisible, notamment dans les premiers tours ou je faisais systématiquement une grosse faute qui me fusillait le reste de ma manche. En désespoir de cause, j’ai fini par emprunter sa bouteille de produit au gentil patron Christophe Glauser qui détenait la dernière place en A après la deuxième manche. Cela m’a permis de finalement claquer une qualification honorable, sans grosse faute, dans la troisième manche – boutant le boss en B par la même occasion. Merci à nouveau Christophe, et encore désolé, vraiment :-)

(la bouteille de vieux produit est partie à la poubelle au recyclage idoine et officiel des produits toxiques directement après ça)

Les pilotes, le planning, et la course

Seulement une douzaine de pilotes ont répondu présent lors de cette manche: neuf pilotes locaux piliers du club, et trois produits d’importation, MM. Andy Huerzeler et Roby Alessandrelli, venus de la région d’Olten si j’ai bien compris, et votre humble serviteur, ravi de faire la route pour, une fois n’est pas coutume, découvrir une « nouvelle piste ». Je pense que mes camarades Suisses-Allemands seront d’accord pour dire que nous avons été traités comme des invités de marque, et avons bénéficié d’une grande mansuétude de la part des organisateurs: Ils nous ont pardonnés de parfois être quelques secondes en retard au ramassage (je plaide coupable sur ce coup-là) ou d’avoir fait quelques tours de pistes supplémentaires alors que la piste avait été annoncée comme fermée (là, c’est pas moi !), et ils nous laissé des places de qualité dans les stands. En gros, tout est réuni pour que les membres externes au club profitent au mieux de leur journée.

La formule de course laisse la place au roulage et à une bonne pause de midi. Elle commence par une heure d’essais libres sur la piste ouverte de 8h jusqu’à 9h. Ces minutes s’avèrent bien nécessaires pour apprivoiser son trace très exigeant. Apres un briefing à 9h15, les 12 pilotes sont séparés en trois séries provisoires pour les essais chronométrés de 5 minutes. A leur terme, les trois meilleurs tours consécutifs déterminent les séries de qualifs, toujours à quatre par série. Trois manches de qualifs de 5min se succèdent alors à un rythme effréné avant la pause de midi: Roulage, ramassage, traitement et nettoyage de pneus sont à caser dans un slot de 30min. En gros, il vaut mieux ne pas avoir besoin de mécaniser entre deux manches, voire d’aller faire pipi, sinon c’est cuit. A ce jeu, les locaux sont parfaitement rodés, Christophe Glauser se payant même le luxe de changer un demi-train avant sur sa Serpent 4X après une rencontre un tantinet brutale avec un bord de piste qui traversait sans regarder.

Dans un registre un peu différent, lors de mon premier ramassage, quand je prends place sur mon tabouret pliable, j’entends un « crac » inquiétant dans ma poche arrière... C’est la lentille de mon Motorola qui a décidé de quitter ce monde avec fracas, privant les lecteurs d’OverRC de photos bien fournies de cette belle journée.

Une fois remis de mes émotions téléphoniques, pendant ces  qualifs en rafale avec ma phobie du tweak et mon obsession des poids aux roues, renforcées par le fait que je tape tout le temps sur cette piste exigeante, j’éprouve de grands moments de solitude organisationnelle entre la première et la deuxième manche... Pour la troisième, je laisse tomber la séance de remise à plat de la voiture pour être sur de ne pas rater mon traitement. Cette qualif de la dernière chance, combinée au passage au « new » CS High-Grip, s’avèrera bénéfique (voir plus haut). Conclusion, et pour citer mon deuxième mentor, « les pneus, les pneus, les pneus » - en gros, vous pouvez avoir la voiture la mieux réglée du monde, les gommards restent le facteur numéro un de la performance. Au terme des qualifications, les pilotes sont scindés en (surprise !) trois finales. Le talentueux Kevin Zahlen fait la pôle en A, Christophe Glauser celle de la B, tandis que Francois Rais part en tête de la « finale Rais » où il devance ses deux rejetons, mais de peu.

La légendaire et tant attendue pause de midi du DMTCC arrive enfin – la moquette est déroulée pour installer les tables (avec nappes blanches s’il-vous-plaît!) pour l’apéro généreusement offert par le club à tous les pilotes. Entre-temps, les organisateurs installent le plat de résistance et le dessert amoureusement préparés par des membres de la famille et amis plutôt doués aux fourneaux: Au menu, point de « salade de Georges » comme initialement prévue, mais une Salade Mêlée, suivie d’un merveilleux (et copieux!) Jambon en Croûte, pour un repas admirablement conclu par un mémorable Gâteau de Georges, tarte à la crème qui remplace avantageusement la salade éponyme. Le tout en self-service sur le podium transformé en présentoir pour l’occasion, et sans aucun risque qu’il en manque pour qui que ce soit, vues les quantités gargantuesques prévues.

Dans ces conditions, c’est presque un crève-coeur que de retourner rouler en finale. Et pour être honnête, le repas et la boisson aidant, je suis absolument convaincu que je ne vais pas rouler plus vite que le matin! Surtout que le planning prévoit quatre finales de six minutes chacune, avec les deux meilleures additionnées qui déterminent le classement final. Sur une telle piste, 6 minutes de roulage, c’est déjà presque une course d’endurance... Les finales se jouent comme un remake des qualifications. L’intouchable Kevin Zahlen survole les débats en A. Certes, tout le monde s’y attendait un peu, mais la régularité avec laquelle Kevin enchaine les tours est invraisemblable, avec notamment dans une manche un écart type inférieur à 0.1s... Derrière, Roby n’est pas si loin, mais ne pourra jamais tellement régater, ni Andy encore un peu plus loin derrière. Quant à moi, je tente péniblement d’éviter les grosses fautes, encouragées par mon enthousiasme  pour le vin blanc moelleux de la pause de midi. Dans la B, les Frères Christophe (Glauser et Plancherel) se livrent une bataille sans merci, qui couronnera ce dernier aux points après la dernière finale. La C nous offrira des finales palpitantes, François et ses deux fils Nicolas et Thomas se passant et se repassant sans cesse aux fils des minutes – c’est Thomas qui finit devant Nicolas au résultat définitif, reléguant leur géniteur à la troisième place, tandis que Thierry Strappazzon clôt le classement de cette belle journée.

Les résultats détaillés sont disponibles sur myrcm ici: http://www.myrcm.ch/myrcm/report/fr/37198/203114

Finale

Position

Pilote

Tour

Temps final

Manche

Châssis

A

1

Kevin Zwahlen

82

12:10.241

2, 1 [3, 4]

HPI Pro5

A

2

Roberto Alessandrelli

81

12:06.941

2, 1 [4, 3]

/

A

3

Andy Huerzeler

79

12:10.013

3, 4 [2, 1]

/

A

4

Paul Franceschi

78

12:08.935

3, 2 [1, 4]

Team XRay T4 2017

B

5

Christophe Plancherel

78

12:14.513

2, 4 [3, 1]

Team Magic E4 RS4

B

6

Christophe Glauser

77

12:03.042

2, 1 [3, 4]

Serpent Project 4X

B

7

Yves Zwahlen

77

12:04.392

2, 4 [1, 3]

Team C T10

B

8

Steve Deiss

75

12:01.801

3, 1 [4, 2]

Awesomatix A800

C

9

Thomas Rais

76

12:14.138

4, 2 [3, 1]

Team XRay T4 2016

C

10

François Rais

76

12:14.354

4, 1 [3, 2]

Team XRay T4 2017

C

11

Nicolas Rais

74

12:01.989

3, 2 [4, 1]

Team XRay T4 2016

C

12

Thierry Strappazzon

74

12:05.046

3, 2 [1, 4]

Serpent Project 4X

Technique moteur.

Une toute petite section « technique moteur » pour rendre compte de la montée en puissance, au sens propre comme au figuré, du 13.5T blinky. Alors que le concept du zéro timing sur les 13.5T faisait gentiment sourire jusqu’il n’y a pas si longtemps les pros du boost et du turbo, cette combinaison s’avère finalement être redoutable d’efficacité, même sur des petites pistes techniques telles celle du DMTCC qui demandent énormément de relance. Quand on voit le gain en simplicité de réglages de la partie puissance tout au long de la journée, c’est déjà tentant – finies les augmentations graduelles de timing au fur et à mesure que vient le grip, et la question « turbo, ou pas turbo »... On cale la tête bien haut mais pas trop, on met le « bon » rapport, on sort les doigts et les réglages châssis qui libèrent de la corner-speed, et roule ma poule. On m’a dit après la course que nos deux amis Suisse-Allemands finalistes A roulaient ainsi, je n’ai malheureusement pas eu le temps d’aller voir leur matériel mais il semblerait qu’ils étaient en plus sur du matériel d’entrée ou milieu de gamme. Christophe Glauser, qui rate la A de peu (voir plus haut), roulait également dans une config blinky, avec un rapport final juste sous les 6:1. Il utilise le moteur Orion 28369 (ici: https://teamorion.com/en/electric-motors/competition/1-10-540/vortex-ultimate-stock-540-13.5t/)  à tête rouge et cage noire fourni à prix d’ami lors du SITCC depuis deux saisons. Ce moteur qui n’avait pas convaincu les pilotes en boosted car il offrait trop de couple résistant semble bien mieux s’accommoder de réglages a faible timing.

L’auteur, par principe opposé aux classes dites « stock » depuis qu’il devait acheter une palette de P2K par saison au millénaire précèdent, va faire encore de la résistance face au blinky, mais probablement plus bien longtemps...

Conclusion.

Il est évident que le DMTCC est un club qui sait recevoir, et nous a offert une chouette journée de course. La légendaire gentillesse jurassienne n’est pas un mythe, pas plus que ne l’est leur soucis du travail bien fait. La qualité de la piste et de l’organisation sont évidentes – et peut-être encore plus évident, le niveau de toutes les finales était surprenant. Les temps au tour sur un tel circuit étaient finalement proches pour tous ces les pilotes présents ce jour-là, de la A, a la C. Pas de voiture-balais qui fait des tours 20% plus lents, ni de pilote qui tape deux fois par tour en cherchant encore à rester au milieu de la piste. Le vrai différenciateur quand vient le jugement dernier du classement final, c’est le nombre de fautes effectuées par manche. La moindre erreur de pilotage coûte très, très cher sur une petite piste telle que celle-ci, et c’est un challenge de faire une manche avec un vrai zéro faute. C’est un sujet qui a animé les  conversations d’après-course: Peu de débutants arrivent au DMTCC, a fortiori les jours de course. Est-ce peut-être le niveau élevé de la piste et des pilotes qui décourage les débutants (il y a des clubs buggy à proximité) de la région de venir s’essayer à leur première course piste? S’ils lisent OverRC, je ne peux que les encourager à venir fréquenter le DMTCC challenge: le club les accueillera chaleureusement, il offre toutes les conditions favorables pour les aider à progresser rapidement, et jamais plus ils n’auront faim après la pause de midi les jours de course.

(Merci encore au club pour son accueil et sa gentillesse, à Christophe pour les photos complémentaires)

En savoir plus:

Texte et photos: Georges.